En Irlande se trouve une île de 7,8 km2 sur laquelle vivent quelque 150 âmes. Il s’agit de l’île de Clare, un endroit que Vanessa Locatelli affectionne depuis de nombreuses années. En février dernier, elle y a d’ailleurs passé un mois tout entier dans le cadre d’une troisième résidence artistique, la première et la deuxième ayant eu lieu en 2015 et en 2018. Cette fois, son séjour se déroulait en février, une période de l’année se définissant, là-bas, par une lumière diffuse presque permanente, comme si l’aurore et l’aube s’étiraient sur une grande partie de la journée.
L’artiste, dont la démarche s’articule principalement autour du pleinairisme et d’une réappropriation de son langage, a ainsi souhaité immortaliser ces ambiances qui l’inspirent tant en combinant un genre dans l’histoire de l’art, la marine, à un lieu tangible et actuel dont la situation géographique le rend vulnérable aux éléments et propice à l’étude et à la traduction par la peinture des changements atmosphériques. Le paysage de cette terre à vocation maritime, ponctué d’un horizon dénudé, rappelle à Vanessa Locatelli les études chromatiques du pleinairisme anglais du 19e siècle. C’est donc avec cette vision ainsi qu’un regard posé et mature qu’elle crée, durant tout son séjour, pas moins de 32 pochades à l’huile, certaines inspirées d’éléments formels comme les reliefs sédimentaires de l’île, d’autres du ciel et de ses formations de nuages et, d’autres encore, des tons rompus du territoire mis en lumière par une série de monochromes, le tout afin de brosser un portrait chromatique honnête et sensible de cet emplacement pour le moins idyllique.
Déclinées en quatre coloris, soit le bleu, le vert, le mauve et l’ocre, ces 32 études brumeuses seront présentées pour la toute première fois au Québec dans le cadre d’un grand déploiement de huit nuanciers constitués de quatre pochades chacun.