Éva-Maude TC

Durant tout le mois de décembre, nous vous proposons de découvrir, en galerie, les œuvres d’Éva-Maude TC, une nouvelle artiste dont le travail photographique, d’une qualité exceptionnelle, est sensible et lumineux. 

Éva-Maude TC oscille entre Montréal et Baie-Saint-Paul, se situe dans des territoires nourrissants, vibre au rythme de leurs paysages urbains et fluviaux. Sa pratique photographique s’appuie sur une quête à la fois personnelle et artistique: faire transcender les manifestations et surgissements de la vérité par l’objectif de sa caméra. À la recherche de sincérité, Éva-Maude est une artiste sensible et passionnée qui rencontre l’autre là où il ne sait pas qu’il est.

En privilégiant toujours le dialogue, la profondeur et le croisement, l’artiste capte les subjectivités et devine les secrets qu’elles renferment. Elle dévoile une forme de pureté, traduit une beauté éthérée inconnue des sujets – humains comme régionaux – qui filent devant sa lentille. Sa recherche visuelle porte sur la création d’images et fait cohabiter force et féminité, sensualité et mobilité. La courbe du rocher, le mouvement de l’onde sur le lac, la voltige du vivant et l’élancement de la flore sont autant de motifs qui se profilent dans son œuvre. Elle s’engage ainsi dans une démarche intimiste qui valorise les confluences, sonde les dualités et cherche les consistances de l’instant présent.

La lumière naturelle et les jeux de textures du rendu noir et blanc sont les terrains d’explorations qu’elle préfère. Par leur biais, elle construit délicatement son journal visuel, où figurent des lieux polymorphes – espaces désertés, zones contrastées, esprits décelés et corps habités. Ses photographies documentaires témoignent de sa curiosité constante pour la poésie du quotidien. Par cette démarche, elle croque les choses sur le vif, imprégnées de leur émotivité du moment et enrichies de leurs marques du passé. 

Empruntant à des notions d’histoire de l'art, de philosophie et de géologie, Éva-Maude aime marier l’étude mathématique de la couleur, de la logique et de la géométrie des cadrages à ses ressentis affectifs et relationnels. Elle imbibe ce que ses modèles lui transmettent et saisit, reconnaît leur essence en les immortalisant dans des lieux plus vastes qu’eux-mêmes. L’humain dans son environnement constitue ainsi la trame narrative de ses séries photographiques, elles qui flirtent avec les codes du behind the scene et rejoignent la facture des archives romanesques. Son utilisation de la pellicule 35mm ou moyen format conforte cette matérialité et tangibilise alors les prises de son regard.

Les inspirations variées de l’artiste, le plus souvent théoriques, naviguent entre le mouvement new-yorkais de la Photo-Secession du début du XXème siècle, l’impressionnisme et la tradition portraitiste. Formelles et singulières, ses expérimentations visuelles sont riches. Comme des translations entre le réel et le documentaire, les photographies d’Éva-Maude tracent en somme les contours de scènes architecturées, malgré tout brutes, naturelles et authentiques. Elle puise ainsi dans le vrai.

Texte par Galadriel Avon