LANTHIER, Josiane

Josiane Lanthier, peintre de paysage, artiste émergente québécoise, art contemporain, synesthète

JOSIANE LANTHIER naît en 1989 à Sainte-Anne-des-Plaines et passe durant toute son enfance ses étés dans les Laurentides, où elle dessine énormément, quand elle n’est pas en train de se perdre dans un tableau de velours noir pour y déceler des animaux, une tactique que sa mère invente afin de garder sa fille calme et concentrée. Aujourd’hui, Josiane croit que cet exercice, qu’on appelle la paréidolie, a beaucoup alimenté son imaginaire et elle est très reconnaissante envers sa mère d’avoir créé ce jeu si simple et pourtant si enrichissant pour l’éveil de son imagination.

Bien qu’elle obtienne son baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’UQAM en 2014, Josiane est artiste peintre depuis 2008. Sa pratique, orientée sur la peinture de paysage, est teintée par la synesthésie, qui laisse une empreinte indélébile dans sa façon de percevoir et de sentir les couleurs. En effet, pour elle, les goûts ont des couleurs (le vin rouge goûte le vert lime, par exemple); la musique se présente dans son esprit comme des nuances fluides changeant et gravitant au gré du rythme; chaque être humain, selon son caractère, possède une ou deux couleurs majoritaires, et ces dernières lui sont visibles. Par exemple, la personne qui écrit ces lignes serait menthe rose (!), tandis que Josiane elle-même est plutôt lilas.

Lorsqu’elle crée, Josiane cherche à mettre en lumière les couleurs minoritaires d’un paysage en les rendant majoritaires dans ses compositions. Ce faisant, elle donne vie à des contrastes vibrants et lumineux, un peu comme si elle nous permettait de voir comme elle voit. En effet, dans son regard, les couleurs sont beaucoup plus éclatantes que dans celui de la plupart des gens. Ses sens sont davantage animés que ceux de la majorité lorsqu’elle observe, lorsqu’elle goûte et lorsqu’elle écoute. Il n’est donc pas faux de dire que la vie de l’artiste est haute en couleur !

En outre, les créateurs qui l’inspirent encore aujourd’hui sont, notamment, Gerhard Richter, Richard Mayhew, Peter Doig, Kim Dorland, Pierre Dorion, David Hockney, Tom Thompson, Angèle Verret, Françoise Sullivan, Mamma Andersson, David Milne et Marc Séguin. Toutefois, ce qui nourrit véritablement son art, ce sont les promenades en forêt ou en voiture, d’où elle peut admirer de vastes territoires, mais également les objets aussi banals qu’une tasse jaune sur une jolie nappe rouge ou encore ce qui se trouve dans son assiette en termes de saveurs, de textures et de couleurs.

L’art prend ainsi toute la place dans la vie de Josiane, tout ce qu’elle touche ayant le pouvoir d’animer ses sens et de devenir matière à interprétation artistique. Elle s’intéresse également grandement au savoir-faire en explorant plusieurs moyens d’expression, comme les textiles et la couture qu’elle ajoute occasionnellement à ses tableaux.

Enfin, l’artiste souhaite que les observateurs de son travail vivent d’abord et avant tout une émotion, que cette dernière soit propulsée par l’énergie des couleurs mises en juxtaposition, le jeu des textures appliquées en opposition ou encore le sujet en lui-même. Elle veut également qu’ils remarquent que ses couleurs sont justes, puisqu’inspirées par l’intensité changeante de la lumière du jour, de la nuit et des saisons. Elle espère qu’ils se perdront longuement dans chacune de ses œuvres, car elle y a elle-même passé de nombreuses heures à intervenir, à prendre du recul pour ensuite revenir à la charge jusqu’à l’obtention d’une composition aux allures oniriques, mais respectant un caractère similaire à celui de la nature avec ses différentes structures et ses contrastes, contrastes par ailleurs accentués par son usage d’une multitude de techniques afin d’étaler une tout aussi grande variété de peintures, qu’il s’agisse d’aérosol, d’acrylique ou de compositions métalliques. De cette façon, elle apporte une profonde complexité à ses tableaux, ce qui lui permet de rendre hommage à celle que l’on peut observer naturellement en forêt, sur les rivages ou encore en montagne.

Bref, l’univers de Josiane est éclaté, comme peut l’être la réalité, mais avec, de surcroît, un soupçon de folie inspirée par la paréidolie, un phénomène psychologique auquel elle s’abandonne parfois pour laisser apparaître, dans ses compositions, des silhouettes aux allures fantomatiques, ouvrant alors une fenêtre sur l’inconscient, un rêve possible ou bien un souvenir lointain. Elle affirme aussi que « si le choix des couleurs utilisées pour peindre [ses] tableaux peut sembler aléatoire, il n’en est rien. La plupart des compositions auxquelles [elle] aboutit sont des reconstitutions d’un même paysage observé durant des jours différents, à des heures et dans des conditions météos variées. Ainsi, un arbre au feuillage bercé par le vent et baigné d’une lumière orangée crépusculaire peut se trouver à côtoyer un lac à l’eau calme et presque noire, plongé dans l’obscurité de la nuit ».